Discours de la méthode

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Même les histoires les plus fidèles, si elles ne changent ni n’augmentent la valeur des choses pour les rendre plus dignes d’être lues, au moins en omettent-elles presque toujours les plus basses et moins illustres circonstances, d’où vient que le reste ne paraît pas tel qu’il est.


C’est difficile de grandir. Au départ, tout semble aller de soi. Mais, on finit toujours par ressembler à ceux qu’on a rejetés. On se rend compte un jour qu’on est devenu « grand ». C’est assurément un progrès. Mais le résultat ne correspond pas forcément à ce qu’on envisageait : être adulte, c’est aussi réaliser qu’un adulte est quelqu’un de plus fragile et de moins accompli que ce qu’on s’en représentait étant enfant. Être adulte, c’est également se retrouver parent, maître, éducateur, conseiller, etc., c’est-à-dire occuper les places de ceux qu’on a critiqués, remplir les fonctions dont on s’est moqué, reproduire des mimiques et des postures auparavant détestées. Reste alors à envisager de ne pas (trop) mal vieillir en conservant un soupçon de l’enthousiasme des jeunes années : être parent, maître, éducateur, conseiller, etc., certes, mais au moins l’être (un peu) mieux que ceux que j’ai remplacés.